Le 5 octobre 2024, l'Association des Traducteurs et Interprètes Professionnels du Congo (ATIPCO), membre de la Fédération Internationale des Traducteurs, a organisé une série d'activités à l'Université Pédagogique Nationale (UPN) pour célébrer la Journée Mondiale de la Traduction (JMT) 2024. Bien que traditionnellement célébrée le 30 septembre en hommage à Saint Jérôme, patron des traducteurs, cette journée a été décalée pour permettre une plus large participation sous le thème « Traduire, tout un art à protéger ».
Parmi les moments forts de cette journée, l'intervention passionnante du Professeur Kitoko a marqué les esprits. Connu pour ses travaux remarquables, notamment la traduction de la Bible en Kiyanzi, une langue congolaise, il a abordé des enjeux cruciaux pour la profession de traducteur, tout en partageant sa vision innovante pour l’avenir de la traduction en Afrique.
La traduction : De la consommation à la création de théories
Le Professeur Kitoko a insisté sur la nécessité pour les traducteurs africains de ne pas se contenter de suivre les théories importées, mais de devenir eux-mêmes des créateurs de concepts dans ce domaine. « Nous ne pouvons pas être seulement des consommateurs de traductions, il est temps que nous devenions des créateurs de théories », a-t-il déclaré. Cette réflexion est venue rappeler que la traduction n’est pas simplement une activité technique, mais un processus intellectuel, un art qui exige innovation et rigueur.
Dans cette même lignée, il a introduit le concept de "débabelisation", affirmant que « la débabelisation est possible », soulignant ainsi que la diversité des langues, loin d’être une barrière, peut être une richesse si elle est bien gérée par des traducteurs qualifiés. Selon lui, les traducteurs doivent jouer un rôle clé pour rendre cette vision possible, en construisant des ponts entre les cultures et en dépassant les malentendus linguistiques.
Un projet ambitieux : Le Centre de Recherche de Boma
Outre son parcours impressionnant, Professeur Kitoko a partagé avec enthousiasme son dernier projet : la création d’un Centre de Recherche à Boma, dans le Kongo Central. Ce centre aura pour mission de former la nouvelle génération de traducteurs et d'interprètes en République Démocratique du Congo, tout en développant des recherches novatrices sur les langues locales et internationales. « Il est impératif pour une nation de traduire et d'engager des professionnels », a-t-il rappelé, insistant sur la nécessité pour les institutions publiques de reconnaître l'importance du métier de traducteur et d’inclure son financement dans les budgets nationaux.
Citations marquantes
Le Professeur Kitoko a également souligné l'urgence de doter le Congo de professionnels compétents dans tous les secteurs. Il a illustré cela avec l'exemple des procès de Malanga, durant lesquels des traducteurs non qualifiés ont été sollicités. « Une grande nation comme la nôtre ne peut se permettre de faire appel à des aventuriers pour traduire des documents cruciaux », a-t-il souligné avec une pointe d'indignation, appelant à une prise de conscience nationale sur ce besoin pressant.
Un regard tourné vers l'avenir
L'ATIPCO, à travers cette JMT 2024, a réussi à créer un espace de réflexion et d’échange pour les professionnels de la traduction en République Démocratique du Congo. Cette journée a permis de mettre en lumière l'importance de protéger et de promouvoir cet art indispensable à la communication interculturelle et au développement du multilinguisme. Les activités de la journée ont également suscité des discussions enrichissantes autour des défis rencontrés par les traducteurs congolais et des solutions pour revaloriser cette profession.
Avec des initiatives telles que le Centre de Recherche de Boma et les perspectives ouvertes par des experts comme le Professeur Kitoko, le Congo se positionne comme un acteur central dans le monde de la traduction en Afrique. Plus qu’un simple métier, la traduction est un art à protéger et à promouvoir, une véritable œuvre de transmission culturelle, comme le rappelle si bien le Professeur Kitoko : « La traduction n'est pas qu'un moyen, elle est une finalité en soi, une œuvre d’art à part entière ».
En conclusion, la Journée Mondiale de la Traduction 2024 fut un succès retentissant pour l'ATIPCO, avec des débats captivants et des initiatives prometteuses pour l'avenir. En célébrant cet art de la traduction, l'ATIPCO réaffirme son engagement à protéger et valoriser ce pilier essentiel de la communication et de la compréhension entre les peuples.